Une semaine corse, ça commence parfois par un Paris-Marseille suivi d'un Marseille-Figari. Et avec une descente, approche et atterrissage depuis le cockpit de l'ATR72, c'est encore mieux. Après la désormais classique demande à la chef de cabine, je suis donc invité à m'installer dans le poste. Premier constat, c'est pas le poste d'un A320... On joue pas dans la même catégorie avec ce bimoteur à hélices de 75 places déjà assez âgé. Cockpit étriqué et austère donc dans lequel je tente de m'installer tant bien que mal en cherchant la ceinture 4 points. Les présentations sont faites, l'accueil est une nouvel fois très sympa.
Ça y est je suis posé pour 30 min de bonheur. Temps dégagé par cette belle nuit de juillet avec une pleine lune baignant l'horizon. On attaque la descente. A gauche de l'appareil, survol du golfe d'Ajaccio et de son aéroport Campo dell Oro. Puis vient le survol du golfe de Propriano. On approche. Cap au Sud au loin, les lumières de Bonifacio et la Sardaigne qui se dessine sur l'horizon. Au boulot maintenant, la piste se dessine doucement. Préparation de l'approche sur Figari. L'équipage en est à son 6e et dernier aller retour de la journée depuis le continent. Ils décident d'un atterrissage en piste 05, plus rapide mais plus rock n roll qu'en piste 23. Le captain m'informe que le VFR de nuit est interdit sur Figari à cause du relief environnant. Frustrant quant on voit les conditions météo du jour. Check list aterro. On fera donc l'approche aux instruments. Et je m'attendais pas à ça. La particularité de l'approche en piste 05, c'est qu'elle ne se fait pas dans l'axe de piste comme on peut le faire conventionnellement à cause du Mont Caldarello (118m), autrement connu sous le nom de rocher de Pianotolli, qui se trouve dans l'axe de piste et empeche un plan de descente traditionnel. Le CDB me montre la carte IAC de l'approche. Dialogue avec les pilotes depuis mon casque:
Moi: "tiens? vous vous alignez pas avec l'axe de piste?"
CDB: "non c'est le piège de cette approche. tu vois le point rouge qui clignote là bas, si tu t'alignes dès maintenant dessus, tu te plantes dans les rochers à coup sûr."
J'observe donc la manoeuvre. On suit donc la cap 28° jusqu'en courte finale pour contourner les rochers. Interception de l'axe de piste dans les dernières secondes avant le toucher des roues. J'avais jamais vu ça, encore moi en ATR72. Le copi est aux commandes. Vitesse un peu excessive, ça pardonne pas sur ce type d'appareil apparemment difficile à poser proprement : rebond à l'atterrissage puis freinage avant demi tour sur piste pour aller au parking. Manoeuvre assez impressionnante comme on y a droit sur pas mal de terrains corses. Le temps de dire au revoir à mes hôtes d'un soir, la semaine de vacances commence bien.