vendredi 14 septembre 2007

Le réveil de Monte Etna

Je reviens sur le moment de loin le plus fort pour moi des vacances. Je resitue le contexte : nous sommes au milieu de notre séjour. Nous sommes arrivés en fin d'après midi à Catane, grosse ville située au pied de l'Etna. Celui ci est resté dans les nuages toute l'après midi. Demain nous avons prévus son ascension. On va donc faire quelques ravitaillements dans le supermarché local. RAS. En direction du centre ville, je conduis la voiture sur la voie rapide quand j'entends Jéré dire quelque chose du style : C'est quoi la lumière rouge sur le coté là bas ? Tous les regards convergent en direction de l'Etna. En quelques secondes, on comprend que l'espèce de monstrueux chalumeau de plusieurs centaines de mètres que l'on voit, bah c'est une fontaine de lave. Le souffle coupé, je m'arrête avec warning sur la BAU pour apprécier le spectacle et j'en profites pour faire l'unique cliché à peu près potable depuis mon siège.

S'en suit une interrogation finalement assez logique mais rapidement levée : c'est habituel comme truc ? Parce que c'est quand même méga impressionnant ce spectacle aux portes de la ville... Le temps de se poser la question nous étions 4 voitures en warning à faire la même chose, dont des locaux visiblement. On commence à croire que l'on assiste à quelque chose d'assez exceptionnel.

On arrive à l'auberge puis on va pour chercher à se restaurer à pied. Sur les trottoirs, l'ambiance est assez irréelle dans cette ville noire (bâtiments construits en lave) : les piétons sont tournés vers l'Etna dont la fontaine de lave est visible depuis la grande artère centrale. Sophie en profite pour glaner quelques informations. On a confirmation que c'est exceptionnel, il n'y avait pas eu une telle activité depuis plus de 6 mois. Une bouche s'est ouverte sur le flan Est dans la fin d'après midi. On nous avertit que l'ascension du lendemain risque d'être fortement compromise. Et pour cause ! L'éruption et notre devenir du lendemain sont évidemment les sujets principaux du repas du soir.
Il est plus de 23h00. L'idée me trotte dans la tête depuis des heures d'aller prendre la voiture pour sortir de la ville en direction de l'éruption pour bénéficier d'un meilleur point de vue. Est ce raisonnable à cette heure tardive ? On se dit qu'on reverra peut être jamais ça et qu'on peut tenter le coup. Après une rapide analyse de la carte, on pointe le GPS sur la commune de Nicolosi, à flanc d'Etna, partiellement détruite lors de la grosse éruption de 2003. Et en route. On se dirige droit sur l'éruption mais les illusions d'optiques sont trompeuses, nous en sommes encore très loin.

Sur la route, on croise des groupes de voitures. On en vient à se demander si la zone n'est pas en train d'être évacuée et si on se dirige pas dans la mauvaise direction. Mais on est pas les seuls non plus. Il est 1h00 du matin. On stoppe car plus on se rapproche, plus les détails sont frappants mais plus la vue d'ensemble diminue. Donc on admire. Il fait nuit noire, frais car en altitude à flanc de volcan, aucune lumière pour nous polluer et une partie du ciel est rouge sang. Les projections de matières volcaniques atteignent sans problème des centaines de mètres. Non seulement on a pas l'équipement photographique pour rendre ça, mais en plus je pense que rien ne peut rendre le spectacle en direct. Quelques clichés repris d'internet néanmoins...



Nous rentrons à l'auberge à 2h00 du matin, avec déjà des souvenirs magiques, ne sachant pas ce que demain nous réserve mais ravis de notre soirée. Quelques heures de sommeil agitées, c'est le moins qu'on puisse dire, on aura tout eu : passage de train à 20m de la fenêtre, ronflement de nos colloc, combats de chats hurlants, vidange de cuve de recyclage du verre... Affreux. Bref on se réveille décalqués. Direction le refuge de Sapienza, à 1900m pour débuter l'ascension. Visiblement l'activité s'est calmée, l'accès est ouvert. On avale un dénivellé de 1000m dans de la roche volcanique pour arriver au plus haut de la zone accessible sans guide, à 2900m. Il fait méga froid mais le spectacle est fabuleux : une étendue lunaire, une visu à des dizaines de km à la ronde et là juste au dessus, les cratères sommitaux qui culminent à 3340m tout de même. Il est temps de redescendre.



Un peu de route barrée plus tard et on accède à une deuxième rando décrite par le guide. Une grosse heure aller retour mais c'est sacrément raide. Mais quel panorama encore une fois : on accède à un piton rocheux qui donne sur la Valle del Bove : immense champ de lave de 10 km sur 5 km. C'est encore fumant. C'est le siège de l'éruption de cette nuit. La coulée de Lave d'un kilomètre est en train de refroidir...

On reprend la Ford Fusion (elle portait bien son nom ce jour là) pour traverser des villages à flanc d'Etna. Faut savoir que ce volcan est colossale : sa circonférence à sa base fait plus de 170 km. Étrange constat, plus on avance, plus les rues sont couvertes de matière noire. Finalement tout est recouvert de cette pellicule. Quesako ? Je tilte rapidement : c'est de la cendre volcanique, absolument partout. Nous sommes sur le flanc de l'éruption d'hier. Tous les habitants balayent leurs trottoirs comme pour une chute de neige chez nous. Spectacle hallucinant encore une fois.



Déjà quelques ascensions de volcans actifs, mais j'avais jamais assisté à une éruption et c'est vrai que ça laisse des traces. On a eu un coup de bol inouï de profiter de ce spectacle. 6 mois de "repos" tout relatif, nous 10 jours sur place, une nuit et une journée consacrée à l'Etna dans le planning et il a décidé de se réveiller cette nuit là. Fabuleux souvenir en tout cas pour le grand enfant que je reste devant les petites merveilles de notre planète. Évasion qui disait...

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